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d’art et de cœur, il arrivait parfois à occuper le triste vieillard de sujets étrangers à son malheur. Le père et la fille lui en témoignaient une affectueuse reconnaissance, et, touchée des mérites de son fiancé, Aline attachait sur lui, souvent, un regard pensif, incertain, mais attendri. Toutefois elle restait pleine de réserve, et ne répondait à aucune des paroles relatives à son mariage qui se disaient devant elle quelquefois.

Aline, depuis la mort de sa sœur, était d’une pâleur maladive ; active, animée près de son père, elle tombait dans une sombre rêverie pendant les rares moments où elle ne pouvait pas s’occuper de lui. La chaleur de la petite main que parfois il pressait dans la sienne inquiétait Germain, dont les craintes se réalisèrent, car trois semaines après le fatal événement qui l’avait si fortement impressionnée, Aline tomba malade assez gravement. Sa jeunesse, et peut-être sa tendresse pour son père, la rappelèrent à la vie. À sa convalescence, les médecins lui ordonnèrent les eaux d’Ems, qu’ils jugeaient également favorables à M. de Maurignan. On était alors à la fin de mai. Ils partirent, accompagnés de miss Dream.

Dans l’intimité, maintenant si étroite, du père et de la fille, les fonctions de la gouvernante étaient devenues une sinécure ; mais elle s’était créé une utilité nouvelle en surveillant l’intérieur de la maison, où son influence se révélait, non-seulement par plus d’ordre et d’économie, mais aussi par les nombreux pies et puddings qui figuraient désormais sur la table. Comme elle était bonne, et sincèrement attachée qu’elle était près d’Aline depuis dix ans, on ne songeait pas à s’en séparer. Elle tenait dans la