nous nous soyons données par confiance et par amour.
« Mettant de côté toute vergogne, ce soi-disant fort fait du mariage une vente aux enchères et s’adjuge à la plus riche. Jeune homme, on s’amusait du déshonneur des filles pauvres ; homme, on vit d’une belle dot, et l’on en peut, vieilli, payer les maîtresses qu’autrefois suffisaient à gagner de faux serments.
« En un mot, instrument de plaisir en tant qu’amante, instrument de richesse en tant qu’épouse, la femme, toutes leurs paroles, tous leurs actes le proclament, n’a d’autre raison d’être que l’utilité de l’homme. Les plus avancés en sont là.
« Daignent-ils lui accorder l’instruction, leur grand argument c’est qu’elle est appelée à l’honneur d’élever leurs fils ; ils mettent sans cesse en avant son titre de mère ; son titre de personne humaine, jamais !
« Dans tout cela, trouve du respect, cherche de l’amour. Non. Résigne-toi donc simplement à la vérité : l’amour n’est que le titre menteur de l’exploitation effrénée, honteuse, de notre jeunesse, de notre cœur, de tous les avantages que par l’esprit, la fortune, l’affection et la beauté, nous pouvons fournir à l’homme en ce monde.
« N’entre pas, Aline, dans cet abîme, d’où l’on ne sort plus. Garde ta liberté ! Mieux vaut la tristesse de la solitude qu’une douleur mêlée de si poignante amertume et de telles hontes. Ou si tu veux absolument connaître ce qu’on nomme l’amour, prends un amant plutôt, ne prends pas un maître !
« Tu me regardes avec effroi ? J’aurais tort sans doute si le mariage était une union vraie et chaste.