sur le lieu même du crime, le juste châtiment de leurs forfaits, et que le reste de ces misérables attendait son arrêt dans les prisons de la Vicaria.
Péniblement émue, plaignant ces martyrs, mais au-dessus de tout agitée par l’anxiété personnelle qui la torturait, Mlle de Maurignan rentra à l’hôtel, en méditant les démarches qui pourraient l’instruire du nom des prisonniers.
Mais là, seule dans une chambre étroite, sentant l’air lui manquer et son angoisse devenir insupportable, elle sortit de nouveau, prit une voiture et se fit conduire au Pausilippe. La nuit tombait. Aline descendit, s’assit sous un laurier, près d’une villa, et, les yeux attachés sur le célèbre paysage, elle retomba dans ses pensées.
Près d’elle, par les fenêtres ouvertes de la villa, les sons d’un piano tout à coup se firent entendre, et deux voix s’élevèrent, l’une mâle et sonore, l’autre douce, étendue, souple, toutes deux empreintes d’un charme particulier, qu’augmentait sans doute celui de l’heure et du lieu. Elles chantaient un duo d’amour, où, sous l’influence alternative de l’espoir et de la crainte, la passion s’affirmait en accents énergiques et rêveurs, ardents et doux. À l’âme enthousiaste de Bellini les voix vibrantes des chanteurs ajoutaient une puissance nouvelle, et chaque note jaillissait non-seulement harmonieuse et vraie, mais imprégnée des palpitations de la vie. Ce devaient être plus que deux artistes deux amants.
Dans un silence plein d’émotions, une autre âme leur était unie. Peu à peu, la tête dans ses mains, l’oreille tendue, Aline s’était laissée prendre et