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page et les voyageurs, et s’étaient rendus maîtres du navire et des armes, pour les employer à l’exécution de leurs sanguinaires complots. »

Il n’entrait pas dans les projets de Mlle de Maurignan de quitter immédiatement la ville ; avant tout, elle désirait visiter un ami de Paolo Villano et consulter les registres des hôtels. Ces deux démarches, qu’elle tenta aussitôt, restèrent sans succès : les registres des hôtels étaient entre les mains de la police ; l’ami était absent. Au sortir de cette maison, Aline se vit suivie par deux agents, une perquisition fut faite dans sa chambre, et on lui retint ses papiers.

Tous les étrangers étaient l’objet d’une surveillance rigoureuse. On gardait à vue chez elle miss White, la célèbre Anglaise amie de Mazzini, vivement soupçonnée d’avoir favorisé le complot. Bientôt, cependant, une à une, se dégonflèrent les nouvelles du premier jour :

La garnison massacrée du fort del Diamante se réduisit à un sergent tué d’une balle dans le combat. On connut le premier forfait des scélérats du Cagliari : c’était la délivrance des prisonniers politiques de l’île de Ponza. En entendant nommer leur chef, le colonel Carlo Pisacane, Aline eut un pressentiment funeste. Il était l’ami de Paolo ; quel que fût leur dissentiment sur le mode d’action, leur but était le même, et Paolo, dans l’état de trouble et de chagrin où il se trouvait en quittant la Chesneraie, avait pu jouer dans cette aventure sa vie avec joie contre la plus frêle chance de succès.

De ce moment, l’angoisse comprima le cœur de Mlle de Maurignan ; une terreur qu’elle se reprochait comme superstitieuse, mais qui lui semblait