faut, vois-tu, que je vive ou que je meure : car, en dehors de toi, rien ne me touche plus… »
Toujours penchée sur son épaule, d’une voix douce comme un léger souffle :
« Paul ! dit-elle, moi aussi, je t’aime uniquement. J’espère, je désire être ta femme… Je suis à toi d’âme, de volonté… seulement… »
Il n’entendit pas ce dernier mot, prononcé plus bas encore. Les premières paroles d’Aline, leur accent d’amour, l’agitation visible de la jeune fille, l’avaient enivré ; ses oreilles tintaient. Il crut au bonheur enfin, et, pris de délire, il la saisit et l’emporta dans le pavillon… Elle ne résistait pas… Mais il la vit tout à coup affreusement pâle ; il la sentit se glacer entre ses bras… Il jeta un cri terrible, et, la repoussant, il s’enfuit.
Il faisait nuit quand Aline revint au château. Après quelques minutes d’une conversation entrecoupée, dans laquelle, indirectement, elle sut que Paul n’était pas rentré, elle dut avouer à ses amies qu’elle n’était pas bien, et monta dans sa chambre. Là, renfermée, elle laissa de nouveau éclater ses pleurs, son désespoir. Où allaient-ils ainsi ? Que voulait-elle ? Comment tout cela pouvait-il finir ?
— Par le malheur et la mort de son amant, sans doute.
— N’était-elle donc pas à lui de toute son âme ? Avait-elle un bonheur plus cher que le sien ? une autre vie que la sienne ? Seule, en pensant à lui, n’avait-elle pas le cœur étreint par les élans de la tendresse la plus profonde, la plus passionnée ? N’était-il pas juste dans ses désirs, noble, grand, dans toutes ses pensées ?…