nelle d’outils humains délaissés. Avide de mouvement, après s’être laissé caresser quelque temps avec nonchalance, il s’arracha des bras de sa mère, qui l’avait attiré sur ses genoux, et se mit à jouer avec les objets rangés sur une étagère.
Devant l’enfant, la conversation fut tantôt superficielle, tantôt remplie de mots soulignés, de sous-entendus. À dix heures précises, le précepteur envoya chercher Gaëtan. Mme de Chabreuil le prit alors dans ses bras, et, muette, le tint longtemps serré sur sa poitrine. Mais les enfants n’aiment pas les longues caresses. Gaëtan se dégagea, alla gaiement souhaiter le bonsoir à son grand-père et à sa jeune tante, et sortit en gambadant.
Malgré ses efforts, Mme de Chabreuil devenait morne. Ses paroles se traînaient, sa voix était sourde.
« Tu as besoin de te reposer, ma fille, » dit M. de Maurignan.
Et se levant, il l’embrassa en disant :
« À demain. »
La jeune femme retrouva pour ces adieux toute son énergie. Au sortir de son étreinte convulsive, Aline, pénétrée d’une vague terreur, s’écria :
« Mon Dieu ! que se passe-t-il ? Suzanne !… je ne veux pas te quitter ! »
La marquise attacha sur elle un regard ardent :
« Tu as raison, dit-elle. Oui, reste avec moi. »
Et se tournant vers M. de Maurignan, qui hésitait :
« Mon père, laissez-moi ma sœur pour cette nuit.
— À quoi bon ? » dit M. de Maurignan.
Mais, agité, lui aussi, d’une sourde inquiétude, il ajouta presque aussitôt :