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nous, ça serait la fin du monde, quoi… et comme ça, ça ne se peut pas. »

Il n’y eut pas moyen d’en tirer davantage ; évidemment, il y allait pour lui de l’honneur. Ses compagnons, prêchés par lui, n’eurent pas de peine à partager le même sentiment, et le soir, le régisseur, grave, mais triomphant en dessous, vint dire à Mlle de Maurignan que tous les hommes faisaient menace de se retirer l’on ne conservait pas entre leur salaire et celui des femmes la même différence.

« Je porterai leur journée à quatre francs, dit la jeune maîtresse, à cause de la peine qu’ils ont d’engranger ; mais la journée des femmes sera de trois francs cinquante centimes.

— Je doute qu’une différence aussi faible satisfasse l’amour-propre des travailleurs mâles, dit M. Rongeat, et que mademoiselle me permette de lui observer qu’il ne nous resterait, en ce cas, que des moissonneuses. Elles se présenteront en grand nombre, cela est certain ; mais, n’étant plus forcées au travail par l’exemple des hommes, elles travailleront peu et mal, et le prix de façon sera doublé. En outre, si les hommes refusent leurs services, nous manquerons bientôt de laboureurs.

« Il ne faut pas croire, ajouta-t-il d’un ton fin, qu’il soit aisé de changer le train ordinaire des choses. À mesure qu’on pénètre les difficultés…

Monsieur, je céderais volontiers si les prétentions dont il s’agit n’étaient pas injustes. Mais je soutiendrai cette étrange lutte, à mon détriment s’il le faut. »

M. Rongeat sortit, d’un air qui montrait suffisamment qu’il ne pouvait être dans cette affaire un agent