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à travailler de trois heures du matin jusqu’à la nuit, sauf l’heure de la méridienne.

« C’est vingt-cinq sous, mam’zelle », dirent-elles simplement, comprenant si peu le mouvement de la jeune maîtresse à cette réponse qu’elles ajoutèrent :

« C’est de la dure ouvrage, voyez-vous.

— Et combien gagnent les hommes ? dit Aline, qui ne s’en était point encore inquiétée. Eux, c’est trois francs.

— Avancent-ils beaucoup plus que vous ?

— Dame ! faut ben que nous arrivions en même temps qu’eux au bout du sillon, et ça nous donne rudement de peine ; mais ensuite c’est eux qui chargent les gerbes sur les charrettes et qui engrangent le soir.

— C’est pas que nous nous reposions pendant ce temps-là, dit une autre, qui semblait n’avoir point la langue épaisse ; il nous faut alors courir vitement chez nous, emportant seulement un morceau de pain pour notre souper, afin de faire la soupe aux enfants, les faire manger, les coucher, laver quelquefois leurs vêtements, la vaisselle, mettre tout en ordre. Il y a longtemps que l’homme ronfle quand nous nous mettons au lit, et c’est pour nous lever encore une demi-heure plus tôt que lui, à l’aubette.

— Assurément, dit Mlle de Maurignan, la fatigue est grande ; le travail me semble pareil, vous supportez également la chaleur du jour : votre salaire doit, par conséquent, être le même. »

Elle passa, laissant les femmes ébahies.

« As-tu compris, toi, ce qu’elle a dit ?

— Dame, elle a dit que nous devions gagner autant que les hommes.