Aline, voyait avec inquiétude près d’elle cet amant, pouvoir inconnu, menaçant peut-être dans l’avenir. Paul, malgré la sympathie que, dans son âme juste, il éprouvait pour Metella, redoutait en elle les souvenirs qu’elle représentait, l’influence de son sentiment, qui secondait trop celui d’Aline, et surtout peut-être sa présence, qui lui enlevait Aline trop souvent. Chaque jour, de plus en plus, son inquiétude, ses amertumes, s’accusaient par une âpreté de paroles et une inégalité d’humeur qui n’étaient pas dans son caractère, et qui parfois étendaient un voile humide sur les yeux de Mlle de Maurignan.
De son mieux il se défendait, pourtant, contre l’égoïsme amoureux qui l’envahissait. Il aidait puissamment son amie dans l’élaboration de ses plans d’éducation populaire ; il préparait des instructions, qu’il devait faire aux adultes aussitôt que la fin des grands travaux les rendrait possibles ; il étudiait les conditions du travail, et se proposait d’établir aussi dans ses propres domaines de sérieux moyens d’émancipation pour le pauvre. Mais il ne songeait point à les aller appliquer.
Un mois s’était écoulé depuis l’arrivée de Paul à la Chesneraie. La situation restait la même. Nulle intimité ne pouvait être plus complète, plus ardente et plus profonde ; mais, quant à la réalisation de cette union dans le mariage, par la famille, lorsque Paul cherchait à se rendre compte des progrès accomplis, il ne recueillait que doute. Si grands que fussent à ce sujet son inquiétude, son chagrin, il ne pouvait accuser Aline. Elle ne laissait percer ni ressentiment du passé, ni craintes farouches ; elle était avec lui simple, bonne, confiante, aussi tendre qu’elle