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Entre Aline, qui se consacra régulièrement plusieurs heures par jour à cette tâche, et Metella, il était bien convenu qu’aucune exigence ne serait imposée aux enfants, excepté celle de remettre en ordre eux-mêmes leurs jouets chaque soir ; qu’on s’attacherait à ne point leur laisser soupçonner qu’ils étaient là pour s’instruire, mais seulement pour vivre la vie humaine, leur naturel souci en ce monde, et la vivre au large, non à l’étroit, comme dans leur demeure obscure.

« Point d’école, disait Aline, puisqu’on a gâté le mot. Ce que nous avons à faire est tout simplement de donner à nos enfants cette éducation des familles intelligentes et aisées, où, par la seule influence du milieu, l’enfant développe ses facultés, apprend sans étude et ne demande qu’à savoir. Il faut écarter de notre Eden, si loin qu’on n’y puisse même soupçonner son existence, l’odieux magister en lunettes, père de la férule et du pensum, vieux tourmenteur de l’intelligence humaine, cet épouvantail de l’enfance. Pas d’impatience, pas de hâte ! Sachons perdre le temps pour en gagner. Ici, nous sommes nous-mêmes des élèves, étudiant pour notre compte, et demandant à la nature ses leçons, à l’intelligence enfantine ses secrets. »

Metella se donnait à sa tâche avec une joie religieuse. Dans ses grands yeux, d’un noir sombre, se lisait le désir ardent de se venger à ses propres yeux, par une vie utile et pure, de l’outrage dont le souvenir incessant vivait en elle. Souvent, dans ses jugements sur les hommes, la haine perçait. Une hostilité sourde, peu profonde sans doute, mais pénible, s’établit entre elle et Paolo. L’Italienne, qui adorait