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sement autour de la taille de miss Hélen, Aline, avec ménagements, mais sans réticences, conta l’aventure. Miss Hélen d’abord se récria, s’en prit à la calomnie ; puis, accablée de preuves, montra le désespoir le plus vif. Touchée de ses larmes, Aline s’efforça tendrement de la consoler.

« Combien il est heureux pourtant, lui dit-elle, que vous soyez éclairée à temps sur cet homme ! qu’il ne soit pas trop tard pour rompre avec lui !

— Rompre ! s’écria l’institutrice, rompre ! Ah ! je le savais bien, que vous ne pouviez souffrir M. Rongeat !

— En vérité ! reprit Mlle de Maurignan, vous pourriez pardonner une telle conduite ?…

— C’est la faute de cette créature, s’écria miss Hélen en colère. De pareilles malheureuses n’ont que ce qu’elles méritent… »

Poussée par un élan d’indignation, Aline se leva et sortit du bosquet où venait de se passer la dernière partie de l’entretien. Elle aimait son institutrice et souffrait de se voir contrainte à la mépriser. Marchant d’un pas rapide, le cœur serré, les yeux gros de larmes, elle atteignit bientôt l’entrée du parc, où elle trouva Paul, qui, par un autre chemin, s’était hâté de la rejoindre. Elle prit son bras sans parler ; mais, en la voyant si émue, il l’interrogea.

« Oh ! dit-elle, tu m’as souvent entendue accuser les hommes ; en ce moment, c’est la femme que je méprise.

— Pauvre fille ! elle veut, malgré tout, aimer, n’est-ce pas ? dit Paul.

— Aimer ! Un mot qui sert de prétexte aux lâche-