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faire dans cette voie notre tâche possible ? Je ne comprends, crois-le bien, la vie qu’avec toi. Je t’aime d’un amour plus ardent que celui que tu me demandes. Je t’aime à n’avoir pas une pensée qui ne soit mêlée de toi, à ne pouvoir trouver en mon cœur une seule retraite où tu ne sois avec moi. Ici, comme à Solalex, je sens constamment ta présence ; tu remplis l’espace autour de moi, et ne le sais-je pas d’ailleurs ? tu es en esprit ici bien plus qu’à Genève.

Pardonne-moi ; il me faut un peu de méditation solitaire. J’ai besoin de sonder mes propres forces, de me poser en juge vis-à-vis de moi-même, et… d’ailleurs, je voudrais t’appeler ici qu’un obstacle m’arrêterait. Ce serait, avec nos mœurs ignobles, où nul respect n’arrête le soupçon, donner au marquis de Chabreuil, à ce débauché, û mensonge d’un ordre social hypocrite autant qu’abject ! le droit de me refuser son fils, qu’il a promis de me confier pendant un mois tous les ans ; pauvre chère enfantine conscience, déjà faussée, dont ma sœur désespéra, mais qu’elle m’a pourtant recommandée. Ne crains rien : nous ne pouvons être longtemps séparés. Pour quelque raison que ce soit, nous ne pouvons l’être. Ah ! si je n’avais pas su déjà combien profondément je t’aimais, je le saurais maintenant, dans cette absence. Écris-moi.


PAUL À ALINE.

Ces lâchetés, ces infamies, est-ce moi qui les ai commises, et dois-je en porter la peine ? Suis-je