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CHAPITRE II

Quand M. de Maurignan et sa fille pénétrèrent dans la chambre de la marquise, ils la trouvèrent à demi couchée sur son ottomane de satin bleu. Elle se leva pour venir à leur rencontre ; mais elle paraissait brisée, et sa pâleur, l’éclat étrange de ses yeux, les frappa.

« Qu’éprouves-tu ? demanda le père avec inquiétude.

— Une lassitude profonde, répondit-elle avec un sourire des lèvres et un trait amer du regard.

— Qu’en pense ton médecin ?

— Je ne le lui ai pas demandé. »

M. de Maurignan insista pour que le médecin fût consulté dès le lendemain. Elle promit, sans paraître y attacher d’importance.

Mme de Chabreuil devait avoir une dizaine d’années de plus qu’Aline ; elles se ressemblaient de traits, mais différaient de physionomie, au point de rendre la ressemblance peu frappante au premier coup d’œil.

Cette expression intelligente et calme, qui, chez Aline, recouvrait la profondeur de sentiments inéprouvés, se changeait en passion chez la marquise, et la douce fierté qui résidait sur le front de la jeune