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l’un à l’autre serait encore une question à agiter ? un problème à résoudre ? Il ne serait point irrévocable ! Et qu’avons-nous à dire, à penser, chacun à part ? Moi, rien ! Ne savons-nous plus nous parler et nous entendre ? Entre deux êtres libres, qui s’aiment, je cherche en vain l’opportunité d’une réticence, d’une séparation… Je ne la vois pas. »

La tête baissée, les joues couvertes de rougeur et de larmes, Aline murmura :

« Je t’écrirai. »

PAUL À ALINE.

Je ne quitterai pas Genève. Ne pouvant te suivre, où tu m’as laissé je reste, vivant ici des traces de ta présence d’un jour. Dans cet air où tu as passé, au milieu des objets que tu as touchés, en face de ce divan où tu t’es assise, je te revois, j’entends encore tes paroles ; tu me sembles encore passer devant moi avec cette démarche et cet air… Tout ce que tu fais, les plus légères choses, tombe dans ma mémoire et s’y grave — surtout les souvenirs de ces derniers jours, quand, au moment de te perdre, hélas ! toutes les forces de mon être, tendues vers toi, s’appliquaient à te retenir. Mais cette image qui glisse ainsi devant moi n’est plus que ton fantôme. Tu ne m’entends plus, ne me réponds plus…

Ah ! chère adorée, que penses-tu d’être ainsi partie ? Se quitter, quand on s’aime, cela est vraiment insensé. Je ne comprends pas ton départ. Il est certain que tu ne m’as rien dit qui donnât à ce départ la moindre apparence de raison sérieuse ; tu ne m’as