velle. Quant à moi, mon cœur me parle si haut que je n’ai pas besoin de l’interroger. »
Peu de temps après, ils partirent, Ali monté sur le vieux cheval de Favre, celui-ci et Paul à pied. Ils suivaient le même chemin qu’ils avaient suivi l’année précédente, accompagnés d’amis joyeux et de ce vieillard qui se rendait, souriant, à sa tombe.
À revoir ces lieux, toutes les bouffées du printemps de leur affection leur revenaient au cœur. Déjà, en ce temps, qu’ils étaient heureux de se connaître ! Ils marchaient en causant, séparés des autres, à quelques pas de Favre comme aujourd’hui. -Par moments, le regard mélancolique d’Aline semblait chercher au détour des routes le père si tendre qu’elle avait perdu ; et Paul, en pensant à lui, ne pouvait s’empêcher de mêler à ses regrets une égoïste pensée Aline, à côté de son père n’eût jamais pénétré si avant dans les spectacles qui l’avaient troublée, et, sous les yeux de M. de Maurignan, leur intimité, continuée sans interruption, eût à jamais écarté la rencontre fatale de Rosina. Leur amour se fût développé sans obstacles ; elle serait maintenant sa femme, ou du moins sa fiancée ; il se serait fait digne d’elle à force d’amour.
Mais au milieu de ces tristesses, de ces craintes, quand Paul rencontrait le doux regard qui cherchait le sien, il se demandait quel obstacle, quel malentendu pouvait séparer deux êtres si irrésistiblement tournés l’un vers l’autre, qu’ils avaient besoin sans cesse de compléter l’un en l’autre leur impression, leur pensée. Il tressaillait alors d’espérance, et, sous le soleil déjà chaud, foulant d’un pas