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ici, nous serions ensemble ; mais ici notre intimité est bien plus profonde. Restons.

— Du moins quelque temps encore, dit Ali. Nous n’avons assisté qu’à la première partie du spectacle que nous sommes venus chercher. N’as-tu pas entendu parler de la merveilleuse transformation qui s’opère après le départ des neiges ? Déjà ce travail a commencé ; les puissances de la végétation sont éveillées. Il faut voir ces belles montagnes, qui sont nôtres désormais, se couvrir d’herbe et de fleurs. Après, nous retournerons dans le monde, si tu le désires. »

Cette dernière phrase fut accentuée d’une tristesse dont Paul saisit l’accent. Il s’écria :

« Tu ne peux redouter le monde pour notre amitié ? »

Et comme il ne reçut point de réponse, prenant les deux mains d’Ali, il chercha ses yeux. Ils s’efforçaient de sourire ; mais Paul y crut lire des anxiétés confuses. Alors, jetant le bras autour de son ami :

« Comme toi, lui dit-il, je sens qu’une amitié telle que la nôtre doit être jalouse de l’amour. Mais quel amour pourrait jamais l’égaler ? Sois-en certain, si un tel sentiment doit encore avoir place dans ma vie, cette place ne sera jamais que secondaire. »

Ali, cette fois encore, ne répondit pas, et ils continuèrent de marcher en silence, jusqu’au moment où Ali fit un mouvement pour se dégager du bras de son compagnon. Mais Paul le retint, et, se penchant sur lui, vit son visage couvert de larmes.

« T’ai-je donc blessé par mes paroles ? cher,