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— Bien ! et maintenant, que tout s’efface ! Plus de nom, plus de souvenir souillé ! Oh ! cher amant de mon âme, nous sommes seuls dans l’éternité de l’être et de l’amour ! Nous sommes l’un à l’autre, entièrement. »

Et l’étrange enthousiaste, pressant avec force les mains de Paul, noyait dans les yeux de son ami des regards pleins d’une flamme où rayonnait la passion dans ce qu’elle a de plus pur, de plus idéal.

« Ali ! s’écria Paul, surpris de telles paroles, et malgré lui troublé par ce regard, Ali ! souffres-tu ? » En même temps, entourant de ses doigts le mince poignet de son compagnon, il interrogea le battement de l’artère.

« Je ne souffre point, Paolo. Je suis heureux. Ne t’inquiète pas. Nous allons mourir, et nous nous aimons pour toujours, n’est-ce pas, mon Paolo ? Voilà tout ! Le reste n’existe plus. Une fois, la première, laisse-moi te dire, dans la langue de ce monde, combien je t’aime ! C’est toi que je cherchais et que j’aime depuis que je vis ! D’autres sont venus ; mais j’ai senti qu’ils n’étaient pas toi ; je les ai repoussés, et jamais à nulle autre oreille mes lèvres n’ont dit ce mot, qu’à toi seul je dis : Je t’aime !… Le jour où je t’ai rencontré, mon cœur a frémi d’une émotion toute nouvelle. J’ai désiré te suivre. J’ai craint de te perdre. Je t’écoutais ce que tu disais était noble, vrai ; ton âme vibrait dans ta parole… et toi aussi pourtant… mais un jour, pour te rappeler au respect de toi-même, de l’amour, il suffit d’un mot ; et, de ce jour, malgré tout, mon âme fut à toi, de volonté comme d’instinct. Je te dévouai ma vie ! Tu as été mon frère, et, dans la douleur, presque ma mère.