Page:Leo - Aline-Ali.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

ture champêtre l’a saisie, et nous venons de faire une tournée dans les allées désertes d’Auteuil.

Mlle de Maurignan a fait cela sans remords ? dit le jeune homme en lançant à Aline un regard de doux reproche.

— Pas tout à fait, puisque nous sommes venus vous chercher pour partager notre promenade. Si vous voulez confier votre cheval à mon groom quand nous aurons atteint l’extrémité du lac, vous prendrez une place dans la calèche, et nous pousserons jusqu’à Meudon. »

Quelque temps après, ils roulaient dans les allées silencieuses et quittaient le bois. Le jour tombait ; peu à peu la conversation devint affectueuse, intime, pleine d’abandon ; les voix s’adoucirent jusqu’au ton de cette heure charmante et voilée, et ces jeunes cœurs, où germait l’amour, s’imprégnaient avidement des poésies printanières. M. de Maurignan, à peu près retiré de l’entretien, écoutait, le sourire aux lèvres, les deux fiancés, dont l’intimité le charmait. Aline se laissait aller à plus de confiance qu’elle n’en avait montré jusque-là vis-à-vis de Germain Larrey, et celui-ci déployait sans efforts un esprit aimable, varié, souple, pourvu de connaissances plus solides que les fils de famille n’en possèdent généralement.

Tout dénotait chez Germain un de ces esprits heureux, que leur naissance, leur caractère et leurs capacités destinent au succès ; qui, doux par tempérament et prudents par tactique, attentifs à ne rien heurter, se concilient partout des sympathies et ne se font guère d’ennemis. Nés pour leur époque, dont ils résument toutefois les qualités beaucoup plus que