hâtives, et très-synthétiques ; mais vivement éclairées par un sentiment puissant du droit et du vrai, qui suppléait à la science des détails par la conception des ensembles. On eût dit que, d’abord, enfant insoucieux et gâté, il avait voulu tout à coup réparer le temps perdu et apprendre en une seule année ce qui en demande plusieurs. Il savait le latin fort mal, assez mal les sciences exactes, dont il saisissait pourtant admirablement l’esprit. D’ailleurs, il semblait souvent heureux de son ignorance, qui lui permettait de feuilleter la riche mémoire de son ami et de se faire enseigner par lui.
« Si le livre est un ami, disait-il, combien plus charmant est un ami livre ! »
Ce qu’Ali connaissait le mieux, ce qui l’attirait le plus, c’était la science des idées, dans la philosophie et dans l’histoire. Outre la littérature française, l’anglaise et l’italienne lui étaient familières. Ces connaissances donnaient à ce jeune esprit, vif et charmant de nature, une variété inépuisable. C’était le terrain fécond où il appuyait, à l’occasion, des jugements remarquables par leur sagace équité, des hypothèses originales, des espérances si pures, qu’elles touchaient au paradoxe.
Au temps actuel, nul esprit de quelque valeur ne peut échapper au multiple problème qui pose au seuil de toute question la justice. Ils causaient donc souvent des événements récents, des questions pendantes, et s’entretenaient, tantôt avec espoir, et tantôt avec tristesse, de leurs deux patries, que Villano, presque aussi Français qu’Italien, aimait d’un amour à peu près égal, toutefois gardant peut-être plus de tendresse pour son Italie, plus involon-