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CHAPITRE VII.

La Suisse connue des touristes n’est que la Suisse des dimanches, beauté parée, splendide, éblouissante, offerte et vendue à l’étranger. Mais la Suisse véritable, la vraie patrie du citoyen de cette terre, c’est la Suisse de l’hiver et du printemps, lorsque, seul dans ses foyers, ce peuple jouit des âpres intimités d’une nature grandiose et sévère.

Alors, le blanc manteau qu’on admire en été sur les épaules des sommités reines est étendu sur toute la campagne. Sous la charge, les toits frileux semblent abaissés, les arbres font le gros dos ; les sapins, la tête droite et les bras pendants, fantômes revêtus de leur linceul, craquent sous la neige accumulée. Les portes sont closes ; le poêle ronfle à l’intérieur ; la cave est tiède, et c’est l’heure d’y débattre, le verre en main, près du foudre, à la faible lueur d’une chandelle fumeuse, de longs marchés. Au dehors, un jour uniforme, éclatant, règne. On voit, sur neige éblouissante, passer au son des clochettes quelques traîneaux légers, élégants, tandis que d’autres, rustiques, plus nombreux, glissent