Page:Leo - Aline-Ali.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

le souffrir. Je mourrais pour toi ! Mon amour est si pur, si haut, qu’il n’a pas honte de s’offrir. C’est un dévouement que je donne.

« Non, ne me prends point pour maîtresse, mais seulement pour amie ; à la seule condition que tu n’aies pas d’autre amie que moi, et que je puisse chaque jour te voir…, nous parler seuls. Veux-tu, mon Ali, veux-tu accepter ce don enthousiaste d’une femme qui se donne à toi, comme on se donnait autrefois au Christ, l’idéal époux ? Car tu m’as relevée, comme il fit de la Madeleine, et mon âme, que le monde avait abattue, retrouve ses ailes avec toi ! »

Tout entière dans ses paroles, toute vibrante, joignant les mains, elle pleurait, et sa passion se répandait autour d’elle en émanations brûlantes. Une rougeur vive couvrait le front d’Ali ; une hésitation se lisait sur son front penché.

Des flammes de triomphe brillèrent dans les yeux de la cantatrice.

« À quoi penses-tu ? demanda-t-elle en posant sur la main du jeune homme ses lèvres brûlantes.

— Je pense, Rosina, que vous êtes irrésistible pour tout homme…

— Ali ! s’écria-t-elle, presque suffoquée de bonheur.

— Pour tout homme, reprit-il, qui n’aurait pas des motifs invincibles de résistance…

— Vous jouez-vous de mes tourments ? s’écria-t-elle en se relevant pleine de colère.

— Non, je vous le jure, non, Rosina ; car si vous ne pouvez égarer ma raison, vous touchez mon cœur, et s’il m’était possible de vous aider à sortir du trouble où vous êtes, de vous mettre au cœur un