derais comme un crime. Vous eussiez dû le comprendre.
— Que tu acceptes ou non mon amour, je romps dès ce soir. Que tu le veuilles, ou ne le veuilles pas, je suis à toi ; je ne suis plus à lui. Penses-tu que maintenant j’aille parler d’amour à un autre ? À quoi bon, dès lors, un tel sacrifice ? Hélas ! pour toi ce n’en est pas un. Mais comprends-moi bien, Ali. C’est un amour digne de toi que t’offre une femme régénérée par un rayon de tes yeux. Accepte-moi seulement pour ta sœur la plus chérie. Parle-moi, enseigne-moi, fais de moi ce que tu voudras qui te plaise. Repétris-moi une âme à ton image ; sois mon Dieu. Je vivrai de te voir, de t’approcher, de t’entendre. Je ne verrai plus d’autre homme que toi, et te demanderai pour toute grâce, quand tu seras content de ton humble élève, de reposer un instant ma tête sur ton sein, ou de me laisser baiser tes cheveux. Nous aurons des bonheurs d’ange. Oh ! crois-moi ! Cette Rosina qui t’aime n’est plus la Rosina d’autrefois. N’est-ce pas par les attraits du beau et du bien que tu as attiré mon âme ? Seul, parmi tous ces hommes, toi, beau et chaste enfant, tu as défendu la femme insultée, l’amour avili.
« Jusque-là je t’avais remarqué à peine ; à partir de ce jour je t’ai adoré, sans le savoir d’abord, te voulant traiter en amie, en mère ; et puis de plus en plus attirée, absorbée, enfin toute à toi. Mais ce sont là des paroles que peut-être tu n’entends pas comme elles sont. J’avais cru aimer déjà, ce n’était rien. Moi, si fière pour tous ces hommes qui rampent à mes pieds, tu le vois, je suis presque aux tiens ; je m’y coucherais avec joie, si tu voulais bien