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là de quoi nourrir un scepticisme éternel, une colère sauvage ?

— Hélas ! est-ce donc sur leur amant, quand il est sincère, qu’elles devraient se venger ? dit Paolo.

— Elles ne peuvent se venger sur d’autres.

— Ali, demanda Paolo d’une voix altérée, me conseillerais-tu d’épouser Rosina ? »

Un silence eut lieu.

« Tout amour sincère est un mariage, dit enfin Ali tremblant d’émotion. Se donner avec l’intention de se reprendre n’est pas aimer.

— Et ce que tu n’ajoutes pas, cher et pur enfant, je le devine, se prêter est s’avilir. Hélas ! quelle distance nous sépare ! Tu viens d’un autre monde que le mien. Tes paroles, que je sens vraies, qui me sont une révélation, tombent sur un être appesanti déjà par des chaînes… Tu as raison dans le vrai…, mais l’erreur n’est pas en moi seul, elle m’entoure et me rend presque le droit chemin impossible…, Ah ! s’il m’apparaissait un être tel que toi, ta sœur…

« Tu détournes les yeux, je te comprends ; oui, nous sommes tous ainsi ; quelle qu’ait été notre vie passée, nous tendons tous à posséder la pureté même ; nous sommes fous ! Sais-tu quel étrange rêve je faisais tout à l’heure, en marchant, l’esprit troublé des chagrins que me cause cette fantasque et chère créature ? Cherchant en moi-même le type de l’amour vrai, de l’amour heureux, je le composais de cette entente secrète et de cet accord facile, de cette confiance calme, sans limites, sans doutes, de cette tendresse intime, à la fois vive et profonde… enfin de tous les traits de notre amitié. Il y manquait une