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accessible à la jalousie, ne fut qu’heureux de l’honneur rendu à son ami par celle qu’il aimait.

Au bout de trois jours, afin de laisser aux esprits le temps de se calmer sur cette aventure, la belle cantatrice eut la prudence d’emmener Ali et Paolo à la campagne, où, sous prétexte d’une fièvre qu’elle voulut avoir et qu’affirma complaisamment le médecin du théâtre, ils passèrent huit jours. Après tout, le médecin avait peu menti. L’état fiévreux était fréquent chez cette femme à l’imagination ardente, qui, par état aussi bien que par nature, vivait dans la fiction comme dans une réalité.

Quand ils rentrèrent à Florence, après ces huit jours d’excursions champêtres, de conversations sentimentales et artistiques, d’émotions intimes, avaient presque oublié leurs préoccupations précédentes. Cependant, au seuil du théâtre, un soir, Ali fut insulté et menacé par deux des anciens convives de Léon. Il ne parla point à Paul de cet épisode, mais sortit le lendemain avec une dague ostensiblement placée à sa ceinture, sans quitter pour cela l’air pensif et doux qui lui était habituel et l’avait fait surnommer Nemorino par le peintre. Dans la rue, il rencontra le comte Melina, qui vint droit à lui.

« Eh bien, avez-vous choisi, mon petit monsieur ?

— Quoi ?

— Vous battre ? ou être battu ?

— Je me suis promis de ne point accepter de combat, mais de me défendre.

— Fort bien. Alors, voici ce qu’on doit aux insolents sans courage. »

Et la main du comte s’abattit sur la joue d’Ali.