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gens parurent attirer plus particulièrement ses sympathies ; mais ses relations avec eux se bornèrent à les accompagner parfois aux Cascine, à entrer avec eux, mais rarement, au café, à leur offrir chez lui, plus rarement encore, des rafraîchissements et des cigares. Pour lui, il ne fumait que du bout des lèvres, et en compagnie des autres seulement. Il voyait Paolo tous les jours, aux heures où son ami n’était pas chez la Rosina, et le reste du temps il se tenait renfermé chez lui, ou se promenait à cheval dans la campagne, ou fréquentait les bibliothèques et les musées.

Dès le lendemain de son arrivée, conduit au théâtre par Paolo, il avait entendu la prima donna. C’était réellement une voix magnifique, et, mieux, inspirée ; elle avait surtout dans la passion des accents incomparables. Comédienne en même temps que cantatrice, contre l’habitude des Italiennes, ses traits mobiles et le vif naturel de ses gestes ajoutaient à l’émotion causée par sa voix. La salle tout entière frémissait de sa jalousie, tremblait de ses fureurs, palpitait de ses amours.

Belle d’ailleurs, elle charmait par toutes sortes de puissances, et il était impossible d’échapper à la fascination qu’elle exerçait, quand surtout, de plus près, on découvrait chez cette merveilleuse créature l’esprit le plus vif et le plus charmant ; il est vrai, tout prime-sautier, mais qui ne laissait point désirer plus de culture. Elle était grave à ses heures. Elle était tour à tour tout ce qu’on peut être, et quelque chose de plus qui était elle-même, l’incomparable Rosina. Elle accueillit Ali d’une façon ravissante et l’embrassa dès l’abord.