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par l’hérédité, qui accuse un certain développement de vie intellectuelle et morale, dû aux loisirs de la richesse. De copie en copie, cependant, l’empreinte s’altère, au point que le masque royal peut dégénérer jusqu’à la grossièreté du type le plus bas. Alors, que l’histoire et les monnaies s’en mêlent ou non, il est devenu vulgaire, la distinction des traits n’étant, au fond, que l’émanation de la noblesse vraie, intérieure, individuelle et héréditaire à la fois, comme toute richesse de l’humanité, — mais individuelle surtout : une flamme ; héréditaire seulement : un sceau, dont la pureté dénote un être fidèle aux traditions de sa race.

Le vieillard et la jeune fille dont nous venons de parler représentaient ces deux états de la distinction dans l’être. Chez lui, peu d’énergie propre, mais une finesse extrême, une délicatesse parfaite, une culture achevée. Les traits, les contours du visage rappelaient fortement l’époque des perruques poudrées et des parlements, du Mercure galant et de l’Encyclopédie. Front haut, œil sagace et plein de bonté, nez aquilin, menton large, bouche de poëte grand seigneur, élégante et fine, d’où ne pouvaient sortir que des traits d’esprit, des observations ingénieuses, ou des arrêts tempérés par la justice. Dans l’expression générale, beaucoup de philosophie ; mais penchant vers l’éclectisme ; une ironie douce, un savoir-vivre infini.

Les yeux du vieillard erraient sur la foule qui l’entourait, et de temps en temps passait sur ses lèvres un demi-sourire. Souvent aussi il arrêtait sur la jeune personne assise à côté de lui un regard tendre et fier, un regard de père, et il ne semblait