Page:Leo - Aline-Ali.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

trop, mon cher. Au surplus, j’avais déjà dit à mademoiselle tout ce que j’avais à lui dire. »

L’inconnue s’ébranla d’un pas et d’une voix douloureuse :

— « Alors, monsieur, vous refusez… Cependant… si vous vouliez avoir la bonté de lire…

— Quoi ! refuser sans lire, s’écria Donato, voilà qui n’est pas galant.

— Mais… j’ai parcouru.. j’en ai vu assez…, reprit Léon en faisant un geste du visage qui équivalait à un haussement d’épaules. Et pour être franc, mademoiselle, votre titre m’a suffi : De l’usage et des principes. Ce titre révèle suffisamment que vous traitez de matières philosophiques et politiques tout à fait en dehors des capacités de votre sexe. Vous m’eussiez apporté un roman… je ne dis pas… Et encore, à vous avouer toute ma pensée, je considère le rôle d’écrivain comme le plus triste de tous ceux qu’une femme peut choisir. Vous me semblez, malgré ce voile jaloux, assez peu dénuée d’autres avantages pour que je puisse hardiment traiter d’erroné le mobile qui vous pousse vers les lettres, et je n’hésite pas à vous conseiller de rester dans la simple voie qui convient aux femmes, surtout aux femmes jeunes et belles. »

D’un vif mouvement, l’inconnue marcha vers la porte ; mais là elle fut arrêtée par un salut obséquieux de Bancello.

« Mademoiselle, permettez ; j’ai quelque influence sur ce barbare, et si vous voulez m’autoriser… »

Mais Ali déjà réclamait de son côté :

« Léon, vos arguments ne sont que des préjugés. Il serait digne de vous d’examiner l’œuvre qu’on