Page:Leo - Aline-Ali.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est bien haut ! répliqua le paresseux Donato, qui, tout de son long étendu sur l’herbe, contemplait amoureusement le paysage de la vallée et des monts voisins.

— En marche ! descendant dégénéré des maîtres du monde, s’écria Léon. Cette montagne superbe autrefois a reçu tes lois. Il faut que tu poses encore aujourd’hui ton pied sur sa tête. De là-haut, le soleil couchant posera pour toi.

— Il a fait du brouillard ce matin, dit Favre, ça glissera.

— Ce sera bien fatigant peut-être ? dit Ali en regardant son père.

— Mais, répondit le vieillard en se levant, je me sens fort dispos. »

On partit. L’heure était déjà trop avancée pour qu’on pût atteindre les sommets, dont l’accès d’ailleurs est difficile ; on se proposait d’aller du moins au bout des gazons, peut-être même sur l’arête, selon le temps que durerait l’ascension. Des points de vue toujours nouveaux, la douceur de l’air, la beauté du jour et la bonne humeur de tous abrégèrent la route.

De plus en plus, cependant, la montée devenait âpre, et, comme l’avait annoncé Favre, humide et glissante. Mal en prit au beau Donato, qui, le cigare aux lèvres, en se retournant pour riposter à Léon, perdit l’équilibre et tomba dans une terre jaune détrempée. L’accident provoqua les rires de la troupe, y compris ceux du patient, qui, tiré de son apathie par une sainte colère, se prit corps à corps avec la montagne, de manière à devancer tout le monde et à provoquer même l’admiration de Léon.