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que vous ignorez encore la puissance de l’occasion et ce qu’elle peut faire soudainement de nos résolutions les meilleures ; Louise…

— Et que m’importe ? interrompit Ali avec une vivacité amère. Je ne prétends ni vous juger, ni vous adresser des reproches, et je n’ai dû qu’au hasard et à votre bon plaisir la connaissance, très-involontaire, de vos amours alpestres.

— Mille pardons, monsieur de Maurion ; je vous parlais en ami »

Ali ne répondit pas, et Paul Villano, blessé, allait s’éloigner, quand il vit une grosse larme rouler sur la joue du jeune homme. Étonné, vivement ému, il saisit les mains d’Ali, qui se détournait, et s’écria :

« Quel étrange garçon vous êtes ! Quoi ! j’ai pu vous fâcher, vous affecter à ce point ? Voyons, parlons franchement, dites-moi toute votre pensée ; je saurai l’entendre, et je tiens à la connaître. Dès le premier jour, vous m’aviez inspiré un vif intérêt, je vous l’ai dit, une confiance toute spontanée. Je suis comme cela, moi, dans mes amours, dans mes haines, dans mes amitiés, trop prompt bien souvent ; mais vis-à-vis de vous je suis sûr déjà de ne m’être pas trompé. Nous avons, pendant ces quatre ou cinq jours, vécu en frères, et le cœur va vite dans ces excursions en pleine nature, où l’être s’épanche en pleine vérité. Eh bien, Ali, tout cela, pour vous, est-ce fantaisie d’esprit, intimité d’occasion, de hasard, ou sommes-nous amis réellement, pour toujours ? »

Ali semblait trop ému pour répondre ; mais avec un vif et affectueux regard, il prit la main de Paul