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saine et sauve, pourvu que vos bras m’entourent fortement. »

Louise refusa, mais de façon à se faire prier davantage, et le jeune Ali, à qui cette rencontre semblait déplaire, lança tout à coup sa monture à droite, vers un mamelon pittoresquement découpé sur le ciel, et du haut duquel on devait jouir d’aspects nouveaux et encore plus vastes. De là, il put voir aussi Donato rejoint par ses amis, et les deux groupes réunis entrer dans un bois que traversait le chemin, et où commençait l’infléchissement du plateau. Alors, comme s’il eût tout à coup regretté de s’être séparé d’eux, il voulut prendre le galop pour les rejoindre ; mais la mule, peu habituée à de telles allures, opposa à l’impatience de son cavalier une force d’inertie indomptable, et, avec l’obstination propre aux grands caractères, se maintint au petit trot.

Dans le bois, la difficulté du chemin, qui devenait de pente assez rude, autorisa même la mule rebelle prendre le pas, et le jeune homme désespérait de rejoindre ses compagnons, quand l’accent d’une voix le fit tressaillir ; un instant après, au détour du chemin, il se trouvait en face de Paul Villano, qui tenait Louise enlacée, et lui parlait de si près que chaque mouvement des lèvres était l’effleurement d’un baiser.

Sous le choc des rênes brusquement tirées en arrière, la mule se cabra ; Paul, atteint du regard qui jaillit des yeux de son jeune ami, tressaillit, et laissa Louise s’échapper, confuse, de ses bras. Quant au jeune de Maurion, après la vivacité de ce premier mouvement, il avait baissé la tête, fort