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montait, s’affaiblissant aux oreilles des voyageurs, à mesure qu’ils pénétraient des couches d’air nouvelles. Léon babillait, chantait, sifflait aux merles. Paul, non moins gai, lui répondait. Ali, vainement stimulé par ses compagnons, restait rêveur ; tandis qu’entre les deux magistrats de la République les destinées de l’Italie s’agitaient.

Parvenus sur le plateau, en face d’un horizon prodigieux de cimes blanches, des pics de l’Oberland aux ballons du Jura, M. de Maurion, sous prétexte de se délasser du train de sa monture, mit pied à terre et força Ali de le remplacer.

« Papa Donato, s’écria Léon, voici l’occasion d’un de ces combats de générosité où se complaît ta grande âme. Imite l’exemple qui t’est donné : mets pied à terre, et triomphe de ma résistance à accepter le don de ton coursier. »

Donato ne fit que rire du conseil et prit les devants avec Ali. Ils atteignirent bientôt après un groupe, composé de trois ou quatre jeunes filles parmi lesquelles se trouvait Louise, et sur-le-champ le galant Donato mit sa mule au petit pas.

« Vous allez donc aussi à la fête, mon joli modèle ? cria-t-il à la jeune fille. Sommes-nous près d’arriver ?

— Oh ! dans une petite heure à peine, répliqua Louise. Est-ce que vous allez à Tavaïannaz pour danser, monsieur ?

— Oui, pour danser avec vous, surtout s’il est permis d’embrasser sa danseuse. Mais la plante de vos pieds, ma belle, sera trop attendrie si vous marchez jusque-là. Montez en croupe derrière moi, et je vous promets de vous transporter à Tavaïannaz