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ALINE-ALI



CHAPITRE Ier

L’hiver était parti dans un dernier ouragan, et depuis plusieurs jours un soleil radieux donnait à Paris une tiède atmosphère. Les bourgeons enflés des marronniers avaient éclaté, livrant passage à d’innombrables panaches d’un vert blondissant, tout reluisants de séve et de lumière. Les moineaux pépiaient avec une joie inaccoutumée et se roulaient dans le sable des jardins ; les enfants gazouillaient au pied des arbres ; les balles et les cerceaux bondissaient avec un entrain folâtre ; les pigeons se becquetaient aux genoux de Minerve, ou d’Hébé. On traversait des courants de parfums, émanations de lilas ou de violettes, et, plus vague, mais plus enivrante encore, était la molle odeur de la feuille naissante et de la terre attiédie. L’eau de la Seine roulait, joyeuse et précipitée, grossie de milliers de