Page:Leo - Aline-Ali.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

car je n’allai pas plus loin. Sa candeur me désarmait. Elle avait seize ans à peine. Rougissante à chaque baiser, la timidité seule, une timidité de vierge enfant, semblait retenir sa protestation. Cette idylle dura huit jours et fut pour moi pleine de poésie. J’étais réellement amoureux de cette fleur des bois, et il faut dire que les filles de la montagne n’ont rien, généralement, de la grossièreté des paysannes de la plaine, et qu’on trouve parmi elles des types d’élégance native et de vraie beauté. Louise était de celles-là. Sa timide pudeur toutefois ne pouvait la défendre bien longtemps. Je devins un jour plus hardi ; mais, sous mes lèvres, je sentis ses larmes elles m’arrêtèrent.

« — Oh ! me dit-elle, vous partirez, et l’on dira de moi : « C’est celle-ci qui a été laissée par un étranger. » Aucun garçon ne voudra de moi pour femme, mes parents me feront reproche, et je serai malheureuse ! »

« Ses yeux naïfs, mouillés de pleurs, cette plainte si vraie, me bouleversèrent.

« — Tu as raison, lui dis-je. Eh bien, il n’en sera pas ainsi. »

« Je m’éloignai ; mais au bout de quelques pas je revins à elle. Elle pleurait là-bas, adossée contre cet arbre ; désormais, la regardant comme sacrée :

« — Je viens te dire adieu, Louise. Garde un bon souvenir de moi. »

« Nous échangeâmes un dernier serrement de main ; je lui fis accepter le prix d’une chaîne d’argent, grand luxe de leur parure, et le lendemain je quittai Grion.

« Eh bien, monsieur Ali, je n’aurais pas raconté