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— Parbleu ! nous vous cherchons sur terre, et vous nous tombez du ciel ! s’écria Paul. Et d’où venez-vous ?

— De là-bas, dit Ali en montrant le versant.

— Quel intrépide ! Allons ! je vois que vous ne serez pas le dernier de nous tous à l’attaque des Diablerets ou des Tours-d’Aï. Mais vous êtes blessé !

— Une écorchure.

— Voyons.

— Quelle petite main ! s’écria Léon Blondel. Une main de femme ! Ah ! monsieur de Maurion, que de victimes vous ferez parmi les belles rêveuses du faubourg Saint-Germain !

— Je ne crois pas, monsieur, dit Ali froidement.

— Oh ! oh ! comme vous dites cela ! Seriez-vous un puritain ?

— Ma mère est morte en me donnant la naissance ; je l’avoue, ce souvenir m’a inspiré beaucoup de respect pour les femmes et pour l’amour.

— Décidément vous n’êtes pas un garçon comme les autres, dit Léon avec surprise. Dix-neuf ans, pas fanfaron, pas bavard, et n’aspirant pas à faire des victimes ! C’est beau, c’est grand !… mais promettez-moi, dans dix ans d’ici, de me donner des nouvelles de votre résolution.

— Il sera toujours beau à lui de l’avoir formée, dit Paul, qui, en même temps, rapprochant les chairs, fermait la blessure par un peu de sparadrap.

— Vous voyez qu’un docteur, cela sert en voyage, reprit Léon. Celui-ci est d’autant plus utile qu’il n’exerce la médecine qu’en amateur. »

Ali, animé de sa course, répondit gaiement, et,