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temps devenait plus vif, les arbres plus rares, les gazons plus verts.

Comme on gravissait une croupe où des points bleuâtres parsemaient l’herbe, Ali de Maurion sauta légèrement hors du char.

« Imprudent ! s’écria le père ému de crainte, bien que le char ne marchât qu’au petit pas.

— Oh ! père, ne vous effrayez donc pas ainsi, je vous en prie ! » s’écria le jeune homme en tournant vers M. de Maurion ses yeux brillants et son visage animé.

Frappant de la main le bas de son pantalon et les bottines solides qui chaussaient un fort petit pied, il ajouta :

« Avec cela, on a des ailes. Les Alpes sont l’aire de la liberté : laissez-moi prendre l’essor ! »

Et sur ces mots, accompagnés d’un tendre sourire et d’un regard expressif, il courut dans la prairie cueillir un bouquet de gentianes.

« Il Nemorino ! » dit le peintre, qui suivait dans son char.

Et il tira de sa poche son album et son crayon ; mais un cahot lui fit abandonner cette tentative, et il se rejeta sur les coussins, où, avec son châle jeté sur ses épaules comme un manteau, son torse vigoureux et son masque antique, il figurait assez bien, moins l’équipage, un empereur romain.

Le jeune de Maurion laissa les deux chars disparaître au prochain détour, et, se voyant seul alors, ses yeux rayonnèrent, ses lèvres s’entr’ouvrirent sous l’expression d’une satisfaction secrète ; il bondit dans la prairie, s’approcha du précipice, et, grimpant sur l’arête d’une roche, contempla longtemps