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Par une soirée d’août, à la table d’hôte du Grand-Hôtel, à Bex, étaient assis deux groupes de touristes.

De ce côté, trois jeunes gens de belle humeur et de robuste appétit, qui s’entretenaient de leurs excursions récentes dans un langage émaillé alternativement d’italien et de français ; garçons de bonne mine, vêtus avec élégance d’un costume commode, et gardant, sous leur laisser-aller, la tenue de gens de bonne compagnie. L’un d’eux offre le type italien très-prononcé, beauté purement plastique, un peu vulgaire. Le second, de physionomie vive et pétillante, aux traits mobiles, à l’air suffisant, et qui, sauf quelques exclamations italiennes, s’exprime toujours en français, peut avoir vu le jour sur un point quelconque du territoire compris entre le Rhin et l’Océan, mais à coup sûr doit avoir reçu le baptême des eaux de la Seine, ainsi qu’en témoigne son langage spirituel, sceptique, élégant et maniéré. La figure du troisième unit à la régularité des lignes la mobilité des traits, et, même quand l’hilarité l’anime, elle garde une expression noble et élevée. Teint pâle et cheveux noirs, yeux gris-bleu fort beaux et fort doux, barbe noire, un franc sourire. Il paraît avoir sur ses compagnons, sans que ni lui ni les autres y prennent garde, une suprématie naturelle et involontaire. C’est en cherchant du regard son approbation que le Français émet ses bons mots ; c’est à lui surtout que l’Italien adresse ses aphorismes.

L’autre groupe se composait d’un vieillard de figure aimable et intelligente, au maintien distingué, et d’un tout jeune homme d’assez petite taille