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derrière les vieux murs en ruines

de ce que les plus belles fussent mises ainsi en évidence, puisque telle est la coutume.

Des passantes, attirées par la fête, occupaient, anonymes, enveloppées de leurs haïks, un autre coin du patio. Elles contemplaient la mariée, fantôme voilé d’or et de pourpre ; les fillettes portant des cierges ; les invitées aux atours merveilleux, et surtout les quatre idoles immobiles.

Deux d’entre elles voilaient leurs caftans sombres d’un izar en mousseline jaune. La troisième, une négresse fort noire, l’air bestial et satisfait, avait un izar blanc sur un caftan rose à ramages. La quatrième, la plus splendide, était revêtue d’un caftan émeraude, broché d’or, et d’un izar géranium. Sa volumineuse coiffure ceinte de bandeaux d’or se couronnait d’un turban de plumes. Une ferronnière de diamants brillait au milieu de son front, d’énormes anneaux d’oreilles enrichis d’émeraudes, des colliers de perles et de pierreries aux longues pendeloques, la paraient d’une manière somptueusement barbare, et, hiératique, elle pensait :

— Oh ! que cette coiffure me fait mal !… Je voudrais tant remuer un peu… Cette fête a un caractère étonnant ! Voilà bien les Mille et Une Nuits !… Ces vêtements m’écrasent, je n’en peux plus… il faut cependant rester jusqu’au bout.

Pendant ce temps, la neggafa[1], aux pieds du

  1. Maîtresse des cérémonies.