Page:Lens - Derrière les vieux murs en ruines, roman marocain, 1922.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
derrière les vieux murs en ruines

Ils éclipsent la beauté des femmes, ils éblouissent, Ils accablent… Les khelkhall, qui s’entrechoquent au moindre pas, pèsent aux fines chevilles qu’ils enserrent. Les anneaux meurtrissent et déforment les oreilles, malgré la chaînette qui les soutient sur la tête. Les énormes pierreries jettent un éclat dont la brutalité blesse et déconcerte.

Dans les demeures en fête, il y a des femmes vêtues de brocarts et plus étincelantes que des idoles.

Des bracelets d’or ciselé chargent leurs bras ; des rangs de perles fines encerclent leurs cous bruns ; les cabochons précieux font d’étranges saillies sur leurs bagues ; les ferronnières enrichies de diamants brillent au milieu des fronts, sous l’échafaudage compliqué des turbans rehaussés de broderies et de plumes. Quelques-unes portent de hauts diadèmes où les pierreries jettent des lueurs vertes et rouges parmi les entrelacs du métal. D’autres ont la tête ceinte d’un souple bandeau en perles, d’où tombent les longs glands en rubis. Les nattes noires, encadrant le visage, sont piquées d’agates et d’améthystes. Des émeraudes scintillent sur les boucles de ceinture, délicatement ouvrées.

Étincelante d’or et de gemmes précieuses, la Marocaine tout entière est un joyau, dont on ne perçoit que le resplendissement.