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derrière les vieux murs en ruines

désolée, elle descend, à présent, au fond de l’ombre, par un grossier escalier de pierres, dans lequel nos mules butent à chaque pas. Le négrillon s’arrête… C’est ici ?… Cette porte derrière laquelle on aperçoit un vestibule misérable ?… Ici, la demeure du noble et richissime Chérif Mouley Hassan ?…

Le voici qui s’avance, tout de blanc drapé, avec cet air altier dont il ne se départ jamais. Des esclaves noirs l’accompagnent, car il ne se déplace qu’en grande pompe, comme le Sultan que son orgueil voudrait égaler. Mais un sourire adoucit, pour nous, la fierté de ses allures. Le Chérif nous honore d’une amitié particulière depuis que mon mari eut, au Maghzen[1], l’occasion de débrouiller une affaire de faux dont il avait été victime.

— Soyez les bienvenus chez moi ! Soyez les bienvenus ! répète-t-il.

Après mille congratulations et politesses, nous le suivons dans le vestibule aux angles brusques. Plusieurs portes, massives, blindées de fer, hérissées de clous, se succèdent avec des airs hostiles. La dernière s’ouvre… Le patio nous apparaît tout à coup, sous la caresse bleue des rayons lunaires, tandis que les salles flamboient, toutes dorées dans l’illumination des cierges de cire qui s’alignent sur les tapis.

  1. Maghzen, gouvernement du Sultan.