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derrière les vieux murs en ruines

gnards et aux harnachements, flamboie sur les étendards éclatants, embrase tout un peuple d’énergumènes.

Les hurlements se mêlent aux sons exaspérés des flûtes et des tambours, aux hennissements des chevaux montés par les chefs, aux clameurs de la foule, aux cris aigus des Marocaines…

Cette contagieuse folie gagne les spectateurs, qui s’écrasent sur tous les remparts et toutes les terrasses ; des femmes, prises de mouvements convulsifs, tentent d’échapper aux compagnes qui les retiennent, pour se jeter du haut des murs…

Une angoisse m’étreint au milieu de cette immense hallucination. Il semble qu’un délire secoue la ville tout entière d’une fantastique et furieuse frénésie…

19 janvier.

Ce matin, dès l’aube, le pèlerinage s’est disloqué. Les étrangers s’empressent de regagner, par étapes, leurs villes lointaines ; les Chleuh s’enfoncent dans la montagne ; les Meknass retournent à leurs occupations.

Un « lion » farouche a repris ses pinceaux pour tracer d’étranges bouquets symétriques sur les boiseries d’une mosquée. Je retrouve un « san-