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derrière les vieux murs en ruines

enchevêtrement de terrasses vétustes, de treilles, de logis abandonnés, de pierres qui ne tiennent plus et que la végétation envahit… Seuls des minarets émaillés de vert, sveltes et luisants, dominent, intacts, l’immense écroulement de la ville.

À cette heure tardive où nous arrivons, la chaîne du Zerhoun est revêtue d’une brume violette, striée de grandes ombres bleues, et les ruines, subitement, se dorent, flamboient et s’éteignent avec le crépuscule, plus grises, plus tragiques d’avoir été si lumineuses il y a quelques minutes à peine.

Le Chérif[1] nous a envoyé des esclaves et des mules. Un négrillon nous précède à travers les ruelles qui se croisent, se multiplient, s’engouffrent sous des voûtes aux ténèbres profondes. Puis elles reviennent à la faible lueur nocturne, pour nous mieux révéler l’infinie vieillesse et la mélancolie des bâtisses qui s’effondrent.

Combien de temps devrons-nous circuler dans cet impressionnant dédale, où les rares passants, enveloppés de leurs burnous, semblent des fantômes ? Ils glissent le long des murs, sans plus de bruit que le halo de leurs lanternes, dont les sautillements jaunâtres exécutent une danse de feux follets.

La ruelle se resserre, se fait plus noire et

  1. Chérif. Descendant du Prophète.