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derrière les vieux murs en ruines

13 janvier.

Rêve écroulé d’un grand prince, cité trop vaste et déchue, Meknès somnole dans l’engourdissement de l’Islam.

Seules, désormais, les cigognes hantent les palais de Mouley Ismaïl[1]. Parmi les ruines, des rosiers escaladent les citronniers, les grenadiers, les orangers, et mêlent leurs fleurs aux fruits éclatants que nul ne cueille.

Les cimetières sont des jardins où l’on s’assemble, sous les micocouliers aux lourdes ramures, pour contempler, à l’heure du moghreb, l’horizon des montagnes lointaines derrière les tombes.

J’aime en Meknès les contrastes de gloire et d’agonie.

Quelques bourricots, silhouettes minuscules et brunes, traversent l’immense place el Hedim. Des autruches à demi sauvages règnent sur l’Aguedal, destiné au déploiement des armées chérifiennes. Les rues enchevêtrent leur labyrinthe, coupé de soleil et d’ombre, des gamins, échappés à la Médersa, troublent parfois leur quiétude… Un grave Chérif, dont les passants

  1. Le grand sultan de Meknès contemporain de Louis XIV.