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derrière les vieux murs en ruines

— Ma mère, ce charbon, cette truie !

Le retour des femmes interrompt l’enfant. Deux bédouines les accompagnent, sordides et belles en leurs haillons drapés. La plus jeune, une superbe créature au profil rigide, couverte de tatouages, svelte et musclée, étend sur le sol du sable divinatoire…

L’excitation est extrême parmi les négresses ; toutes interrogent à la fois. Lella Oum Keltoum réclame, avec insistance, des prédictions !

— Ô Allah ! dit la devineresse, tout est noir autour de moi, je ne distingue rien… Apportez quelque chose de blanc, afin de m’éclairer…

Mazarka lui glisse une piécette d’argent, qu’elle saisit avidement. Sa vision devient plus nette :

— « Lella Oum Keltoum, reprend-elle d’une voix chantante, tu m’es envoyée par le Seigneur et son Prophète. Sur lui, la bénédiction et le salut !
En toi, je vois le désir d’une chose qui ne fut pas écrite au livre de ta destinée.
Laisse-la !
En une chose proche sera pour toi le bien.
Cet homme est celui qui t’apportera la félicité.
Il t’aime. Et toi, tu dis un jour « oui » et l’autre « non ».
Il faut te conformer aux desseins du Puissant.
Contente-toi de peu, en attendant qu’il te donne beaucoup.

Car alors, — s’il plaît à Dieu ! — rosira