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derrière les vieux murs en ruines

faveurs inégalement, sans souci du châtiment qui l’attend au jour de la Rétribution[1].

Austère et calme, la demeure du notaire Si Thami n’abrite qu’un touchant bonheur familial. Une vieille servante aide aux soins des enfants que Zohor met au monde avec une inlassable fécondité.

Le palais du marchand Ben Melih contemple mille et une orgies. Les libertins de la ville s’y donnent rendez-vous. Chacun sait qu’on y est aussi facilement accueilli que dans les bouges de Sidi Nojjar. Les riches débauchées n’ont pas même les exigences des courtisanes. Seule une frénésie de vice, de plaisir et de curiosité les pousse à des aventures qui n’ont rien de très périlleux, car le maître, impuissant à réprimer les désordres de son harem, se résout à les ignorer… Pourtant, il y a quelques jours, on l’entendit crier, du haut de sa mule, à un forgeron :

— Eh ! le maalem Berrouaïl ! Fais-moi, pour ma terrasse, une serrure dont les ruses du Malin ne pourront triompher !

Les gens riaient sous le capuchon de leurs burnous et se demandaient entre eux :

  1. Les Musulmans qui n’auront point fait à leurs épouses des parts égales, paraîtront devant Allah « avec des fesses inégales » (Commentaire du Coran).