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derrière les vieux murs en ruines

saurait porter un caillou… Mouley Hassan chercha, tout d’abord, à faire annuler le testament. Le Cadi s’y refusa. Il voulut ensuite ramener Lella Oum Keltoum à Meknès. Elle était restée à Fès comme au temps de son père, et elle échappait mieux, ainsi, aux desseins du Chérif.

» Le tuteur, un homme juste et craignant Dieu, essaya de s’opposer à ce retour ; il connaissait les convoitises de Mouley Hassan. Alors celui-ci demanda sa révocation. Certes, il dut payer beaucoup, car il l’obtint. Un autre tuteur fut nommé, et commencèrent les tourments de Lella Oum Keltoum. Elle vit entourée d’ennemis. Sa mère, Marzaka, est la plus mauvaise ; une esclave ne saurait avoir qu’un cœur d’esclave. Mouley Hassan acheta sa complicité par des cadeaux. C’est Marzaka elle-même qui a traîné sa fille à Meknès, malgré sa résistance.

— Et si Lella Oum Keltoum désignait un autre homme !

— Elle l’a voulu. Par défi, elle prétendait épouser un nègre affranchi. Mouley Hassan interdit aux notaires d’aller recevoir sa déclaration, et Marzaka battit sa fille jusqu’à ce que la peau s’attachât aux cordes… Quant au nègre, on ignore ce qu’il devint, et les gens disent en parlant de lui :

— « Qu’Allah l’ait en sa miséricorde ! » comme pour un mort…

— S’il plaît à Dieu ! m’écriai-je, Lella Oum Keltoum finira par l’emporter sur tous ces perfides !