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derrière les vieux murs en ruines

— Ô Puissant ! que de négresses, que de vierges ! s’exclame la petite Cherifa. Mouley Hassan se rend à Fès chaque fois qu’arrive un convoi d’esclaves et il en ramène les plus belles… Lella Fatima Zohra montre bien de la patience ! Et que ferait-elle, la pauvre ? Mouley Hassan l’a rejetée comme un vieux caftan… Sais-tu, continue-t-elle, les yeux brillants, que, malgré sa barbe blanche, il veut encore épouser une jeune fille !

— Un jour, Lella Fatima Zohra m’en a parlé, mais j’ignore même le nom de celle qu’il choisit.

— C’est Lella Oum Keltoum, ta voisine de terrasse, tu dois la connaître ?

Lella Oum Keltoum ! La sombre fillette que ne peuvent distraire les splendeurs du couchant ni la réunion des femmes bavardes…

Pourquoi le Chérif la convoite-t-il ainsi ? Elle n’est pas même jolie… Il ne manque pas à Meknès de vierges plus attirantes.

— Oui, me répond Lella Meryem, mais il ne saurait trouver, dans tout le pays, une héritière aussi fortunée. Or, Mouley Hassan aime les réaux d’argent autant que les jouvencelles, et il veut épouser Lella Oum Keltoum bien qu’elle se refuse obstinément à ce mariage.

— Depuis quand, ô ma sœur, les vierges sont-elles consultées sur le choix de leur époux ? Voici des années que je vis parmi les Musulmanes, et, de ma vie, je n’entendis parler de ceci.