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derrière les vieux murs en ruines

leillées, car je rapporte un trésor : le « persil » de Lella Meryem.


7 décembre.

Yasmine et Kenza, les petites adoptées que nous avions laissées à Rabat, arrivent avec notre serviteur le Hadj Messaoud, très ahuries par ce long voyage qu’il leur fallut faire pour nous rejoindre.

Misérables fillettes du Sous que leur destin conduisit chez des Nazaréens, elles y ont pris l’âme de Marocaines habituées au luxe des villes. Oubliant les gourbis de terre et les tentes en poils de chèvre, elles évoluent sans étonnement dans notre nouvelle et somptueuse demeure.

— Celle de Rabat était mieux, déclarent elles. Par les fenêtres on apercevait toute la ville française !… Ici, on ne voit que les maisons du pays…

— Mais il y a des mosaïques et des stucs ciselés.

— Qu’ai-je à faire de ces choses à nous ? riposte Yasmine.

Pourtant, la terrasse les ravit, car elles pourront y bavarder, au crépuscule, avec des voisines.

— Ô ma mère ! sais-tu comment ces femmes portent la tfina ?… Étrange est leur coutume !