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derrière les vieux murs en ruines

cules, au milieu des cotonnades, des draps et des soieries. Ils ont des gestes harmonieux en touchant les étoffes, de longs doigts pâles où brille une seule bague, des airs exquis et distingués. Ils me saluent avec déférence, une main appuyée sur le cœur et le regard doucement souriant. Je m’arrête devant Si Mohammed el Fasi ; il étale aussitôt, pour que je m’asseye, un morceau de drap rose, sur les mosaïques du degré qui donne accès à son échoppe. Après mille salutations et politesses raffinées, il me montre les différents « persils » aux guirlandes bleues, mauves ou jaunes, dont les élégantes de Meknès veulent toutes avoir des tfinat…

Alentour, des femmes berbères discutent âprement pour quelques coudées de cotonnade. Des Juives, des esclaves, des Marocaines, enveloppées de leurs haïks, se livrent à d’interminables marchandages, sans que les placides négociants se départent de leur indifférence.

Toutes ces échoppes si jolies, si gaies avec leurs boiseries peintes, leurs volets précieusement décorés, évoquent une suite de petites chapelles, devant lesquelles de blanches nonnes font leurs dévotions…

Combien de belles, qui ne connaîtront jamais ce souk où les boutiques regorgent des étoffes dont elles rêvent, attendent, derrière les murs, le retour de leurs messagères !…

Alors, je me hâte à travers les ruelles enso-