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derrière les vieux murs en ruines

ments très importante de leur existence, et surtout de savoir ce qu’il advint de la révoltée entre les mains du vieillard…

— Comment le jugerions-nous, m’a répondu Yasmine. Peut-on se fier aux propos des esclaves, mères du mensonge ? Et pour ce qui est de Lella Oum Keltoum, elle ne monte plus jamais à la terrasse, car elle est Chérifa, et son temps de fillette a passé. Aussi n’avons-nous point revu la couleur de son visage, bien qu’elle soit de nouveau notre voisine. Mouley Hassan l’a gardée chez lui pendant les premières semaines, puis il l’a réinstallée dans sa propre demeure et il y passe lui-même presque toutes les nuits… Hier soir, nous avons appris ton retour aux négresses, et certes Lella Oum Keltoum en doit être informée et t’attendre dans l’impatience.

J’avais cueilli, pour la petite épouse, toutes les roses de notre riadh. Cependant je parvins chez elle les mains vides, car chaque enfant, rencontré dans la rue, me priait gentiment de lui donner une fleur, et, lorsque j’atteignis la demeure de nos voisines, je fus sollicitée par une vieille mendiante accroupie dans la poussière. C’était une pauvre femme hideuse et décharnée ; des haillons cachaient à peine son corps, laissant apercevoir la peau flétrie, la misère des seins et les jambes osseuses. À mon approche, elle arrêta sa complainte :