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derrière les vieux murs en ruines

les fillettes, réunies dans le Ktaa, ont frémi de désir en la contemplant.

Soudain, à cause d’elle, la vie uniforme et lente est devenue un enchantement de plaisirs, de festins, de musique et de splendeurs.

Docile entre les mains de la neggafa, pliée par la tradition, Lella Oum Keltoum a pris l’attitude rituelle des jeunes épouses. Ses pieds ne touchent plus le sol, ses lèvres ne prononcent plus une parole, ses yeux ne s’ouvrent pas sur les somptuosités environnantes.

Maintes fois, elle fut exposée à l’admiration de l’assemblée, en des atours différents. Et chacune de ses toilettes était plus splendide que la précédente, et chacun de ses bijoux dépassait la richesse des autres, et chacune de ses larmes excitait davantage l’admiration et la louange…

Qui donc n’envierait Lella Oum Keltoum ?

Il faut avoir un cœur de Nazaréenne, sous les caftans de brocart, pour songer avec angoisse au destin qui s’accomplit, pour démêler la révolte et le désespoir à travers les pleurs traditionnels d’une mariée…

Dans le palais de Mouley Hassan où l’on se prépare à recevoir l’aroussa, la magnificence dépassera, dit-on, celle des fêtes qui se déroulent ici.

Lella Fatima-Zohra, très dignement retirée dans ses appartements, ne saurait y assister, mais elle a donné ses ordres et prévu toutes choses afin